De l’auteur. Voie aux Arts
Depuis ma plus tendre enfance, j’adorais dessiner, créer des modèles en pâte à modeler, j’étais toujours passionné par le processus lui-même qui me donnait la possibilité de faire des jouets en pâte à modeler et de jouer avec eux, de rêver, de m’imaginer les mondes, les événements, les images les plus incroyables. Mes parents, mes grands-parents encourageaient mes passions, et, aussi loin que je me souvienne, je savais, sans l’ombre de doute, ce que je voudrais faire quand je serai grand.
Quand j’étais encore enfant, il n’y avait pas d’abondance de publications sur l’art aussi étonnante qu’il y en a aujourd’hui. C’est pourquoi, chaque édition de la revue Jeune Peintre était une bouffée d’air frais. Je collectionnais avec beaucoup de soin des reproductions de peintures de Léonard de Vinci, de Rembrandt dans la revue Ogoniok, des cartes postales, des timbres, des coupures de journaux avec des caricatures, bref, tout ce qui était lié à l’art et ce que j’aimais. Au fond, j’ai toujours rêvé de réussir et de créer une vraie œuvre, rien de moins qu’un chef-d’œuvre — c’est ainsi, j’ose à peine vous l’avouer !
Quand j’étais élève de l’école d’art pour enfants et du Palais des Pionniers à Kharkov, mes parents qui apercevaient mon zèle, ont décidé de me donner plus de possibilités en m’envoyant étudier à Moscou, à l’école secondaire d’art de Moscou. Une décision difficile a été prise au cours d’une réunion de famille, et moi, ayant passé les examens d’entrée, j’ai été admis au groupe supplémentaire dans le département de la sculpture avec l’hébergement à l’internat pour les enfants des autres villes qui se trouvait dans le bâtiment de l’école, juste en face de la Galerie d’État Tretiakov. Je ne pouvais que rêver de cela. J’avais alors 14 ans.
Je me souviens mes études à l’école avec beaucoup de reconnaissance. Il va sans dire que cette école a des traditions réalistes très fortes, elle est une véritable forge des talents, ses élèves sont les maîtres des beaux-arts soviétiques et russes de différentes générations. L’atmosphère particulière, l’esprit d’une saine compétition parmi les élèves, le désir de dessiner parfaitement régnaient partout. Ce n’étaient pas que nos maîtres qui nous enseignaient, mais nous aussi, les élèves, nous nous aidions, les murs eux-mêmes et l’ambiance nous encourageaient. C’étaient de merveilleuses années, les années de formation de la conception du monde, c’est là que le caractère se formait, aussi que les principes de base de la compréhension de la vie, de l’art, de la conscience, du devoir, de tout ce qui compose l’homme, l’artiste.
Je peux dire en toute confiance et avec une profonde gratitude, que je suis originaire de l’école secondaire d’art de Moscou. L’endurance, les leçons et les principes que j’ai reçus lors des années à l’école m’aident toujours, me donnent le fondement, la base de ma vie.
Les études à l’Institut d’État Académique des Beaux-Arts Sourikov de Moscou sont tombées pour la période difficile des années 1990, avec une pause entre la première et la deuxième années pour passer le service militaire dans les Forces armées soviétiques. J’ai eu l’occasion de faire mes études sous la direction des maîtres de la sculpture soviétique, tels que Lév Kerbel et Oleg Komov. C’est déjà l’Histoire, la classique. Je me souviens Kerbel avoir dit que « la sculpture doit magnifier l’homme ». C’est dit tellement juste, fortement, exactement et tout simplement : elle doit, elle est conçue pour cela, elle doit rappeler à l’homme qu’il est Homme ! En fait, quand on est en rapports avec des maîtres d’un tel niveau, d’un tel destin artistique, on garde dans sa mémoire beaucoup de leurs paroles, de leurs mouvements. Cette expérience m’aide dans mon travail, et je me souviens d’eux avec une profonde gratitude. L’Institut d’État Académique des Beaux-Arts Sourikov de Moscou m’a enrichi des compétences professionnelles, de la compréhension de l’art, du goût de l’aventure créatrice, de l’ambition d’expérimenter et, ceci étant, des doutes avec lesquels je vis et je travaille aujourd’hui.
Il est difficile de diviser l’art en domaines. A mon avis, l’art, c’est la qualité. Elle peut être présente ou absente. L’art, c’est une chose qui pénètre dans le cœur, qui alimente l’âme, c’est la nourriture spirituelle nécessaire pour l’homme. Et c’est peu important, par quoi il se nourrit : par le cinéma ou la sculpture, par le chant ou la peinture, l’essentiel est tel que cette nourriture ne soit pas pourrie ou empoisonnée.
« La chanson nous aide à créer et à vivre » — c’est une devise très exacte. L’art ne doit pas obscurcir l’homme, le laisser dans l’embarras, le démoraliser. Il doit donner un support, un point de repère, aider à vivre, charmer l’âme, porter la lumière, buter l’homme à la bonne humeur.
L’équilibre entre les deux facteurs principaux — la forme et le contenu — assurent cette qualité, voire, l’art. Ces dernières années je fais des expositions personnelles de la sculpture et du dessin aux musées d’état et régionaux de nombreuses villes russes. J’ai eu la chance de visiter les régions de la Volga et de l’Oural, de faire le tour de plusieurs villes de l’ouest de la Sibérie, d’admirer l’Altaï et le lac Baïkal. De nom-breuses expositions ont eu lieu grâce au soutien de L’Agence fédérale de l’énergie atomique Rosatom. Je tiens à remercier cette organisation d’avoir réalisé de nombreux projets culturels. Habituellement, dans le cadre de ces expositions, j’essaie de démontrer les œuvres sur des sujets différents : œuvres animal-ières et portraits, œuvres consacrées aux sujets de l’enfance, etc. J’assiste obligatoirement aux vernissages de toutes mes expositions.
J’aime beaucoup mes voyages, parce que chaque ville est intéressante pour son histoire, pour ses particularités. D’habitude, des gens intéressants, plusieurs collègues artistes visitent les expositions. On commence à discuter. Beaucoup d’enfants et de jeunes, enseignants des écoles et des collèges d’art, visitent les expositions, et je les vois montrer un véritable intérêt pour mes œuvres, pour ce que je fais. Et cela me touche beaucoup en tant qu’homme, j’en vois ma nécessité en tant qu’artiste, et à mon avis, c’est une vie créatrice performante.
Une nouvelle exposition apporte une nouvelle expérience. De plus, il est très utile d’estimer mes oeuvres comme si j’étais un observateur. Je comprends que certaines œuvres sont moins réussies et expressives que je l’aimerais, et chaque fois je cherche à améliorer le résultat, à travailler plus, plus nettement pour créer quelque chose de plus intéressant. Je tiens à ce processus infini, au processus de l’aspiration au meilleur, à la plus grande expressivité, à la profondeur.
Oleg Zakomorny